La livre turque chute, nouveau plus bas historique
La livre turque a cédé plus de 6% ce vendredi face au dollar sur fond de crise diplomatique entre Ankara et Washington et d'inquiétudes sur d'éventuelles répercussions pour des banques européennes présentes en Turquie.
La devise turque (TRY) a brièvement franchi pour la première fois la barre de 6 pour un dollar en matinée pour ensuite se ressaisir et accuser une baisse d'un peu plus de 6%, à près de 5,9 pour un billet vert.
La livre turque, dont la valeur a fondu de plus d'un tiers depuis le début de l'année, avait déjà cédé plus de 5% face au dollar jeudi.
Cette chute survient à quelques heures d'un discours attendu du ministre des Finances et gendre du président Recep Tayyip Erdogan, Berat Albayrak, qui doit présenter le "nouveau modèle économique" du pays.
Elle survient aussi après des commentaires du chef de l'Etat turc qui, dans la nuit de jeudi à vendredi, a expliqué l'agonie de la livre turque par des "campagnes" dont il n'a pas précisé la nature.
"S'ils ont des dollars, nous, nous avons notre peuple, nous avons le droit et nous avons Allah !", a-t-il lancé, des déclarations peu susceptibles de rassurer les marchés qui assistent depuis des mois à l'inexorable chute de la TRY.
Dans un article publié vendredi, le Financial Times rapporte que la Banque centrale européenne s'inquiète d'une éventuelle exposition de certaines banques européennes très présentes en Turquie à la crise monétaire que traverse ce pays.
La livre turque est à l'agonie depuis qu'une grave crise diplomatique a éclaté entre la Turquie et les Etats-Unis, deux alliés au sein de l'Otan qui ont imposé des sanctions réciproques contre des responsables gouvernementaux.
Les tensions, déjà vives depuis plusieurs mois, ont connu une brusque escalade la semaine dernière en lien avec l'incarcération en Turquie d'un pasteur américain, Andrew Brunson, accusé par les autorités turques de "terrorisme" et d'"espionnage".
Par ailleurs, les marchés s'inquiètent de l'incapacité des autorités turques à maîtriser l'inflation galopante qui a atteint près de 16% en juillet en rythme annuel.
De nombreux économistes appellent à une hausse des taux d'intérêt de la banque centrale afin d'enrayer l'inflation, mais cet organe est soumis aux pressions du président Erdogan, un "ennemi" autoproclamé des taux d'intérêt.